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CMA BFC • Le couteau suisse de l’artisan

Dans notre région, l’artisanat représente un socle vital de l’économie locale. Chaque année, près de 3 000 porteurs de projet sont accompagnés par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) de Bourgogne Franche-Comté, dans la création ou la reprise d’entreprise. À la tête de la délégation de Côte-d’Or, Yves Bard défend une mission claire : promouvoir et soutenir l’entrepreneuriat, de la création à la transmission, avec un accompagnement global à 360°.

L’accompagnement proposé par la CMA touche à tout : choix du statut juridique, démarches administratives, recherche de financements, élaboration du business plan… « Nous sommes le couteau suisse de l’artisan, résume Yves Bard. On leur apprend à marcher sur les chemins de l’entrepreneuriat et à sécuriser leur parcours », ajoute-t-il.

NOTRE RÔLE EST D’ÊTRE À LEURS CÔTÉS, COMME UN PARTENAIRE.

Yves Bard, Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat en Côte d’or.

Former, guider, sécuriser

Longtemps, le stage préalable à la création d’entreprise, rendu obligatoire avant d’obtenir son SIRET, a joué un rôle clé dans cette mission. Supprimé en 2019 par le gouvernement, il manque aujourd’hui cruellement, selon Yves Bard : « Sa disparition a laissé les créateurs démunis. Ce stage permettait à certains de réaliser que leur projet n’était pas viable, évitant des échecs douloureux. »
Malgré tout, la CMA poursuit cet accompagnement, via des formations désormais payantes, mais bien souvent prises en charge par le CPF ou d’autres dispositifs de financement. « Nous continuons à former et à proposer des stages aux futurs chefs d’entreprise. Ceux qui les suivent en tirent de vrais bénéfices. Notre objectif est simple : transformer les idées en réussites durables ! »
La CMA accompagne ensuite les artisans tout au long de leur parcours. « Nous les aidons à monter en compétence, notamment sur le numérique ou le développement durable. » Pour les métiers de l’alimentaire (pâtissier, traiteur, etc.), la CMA effectue également des diagnostics et des veilles réglementaires en matière d’hygiène et de sécurité.

L’importance de la reprise

La reprise d’entreprise reste également une priorité stratégique de la chambre consulaire. « C’est souvent une voie plus sûre que la création, car elle s’appuie sur une activité existante et sur l’expérience du cédant », note Yves Bard. « Nous mettons en relation repreneurs et cédants, un peu comme une agence matrimoniale de l’entreprise. » Grâce à ce travail, des centaines d’entreprises trouvent chaque année une nouvelle vie, une vraie fierté pour Yves Bard. Faire perdurer ces entreprises, ces métiers et ces gestes est vital, parce qu’ils sont souvent les derniers bastions économiques dans les campagnes : « Dans les territoires ruraux, il n’y a parfois plus d’industrie, plus d’agriculteur ni de médecin. L’artisan, lui, est toujours là. » Si près de la moitié des artisans de Côte-d’Or exerce dans la métropole dijonnaise, l’autre moitié maille durablement le département de la Côte-d’Or. « Ce sont eux qui maintiennent la vie économique, sociale et humaine des villages. » Il précise : « Notre rôle est d’être à leurs côtés, non pas comme un guichet, mais comme un partenaire. Nous sommes indispensables à ces petites structures, parce qu’elles n’ont pas toujours les moyens d’assurer seules et en interne leur développement. »

Cent ans d’accompagnement

L’année 2025 aura marqué pour la CMA un anniversaire bien particulier. Créée en juillet 1925, la chambre centenaire espère, aujourd’hui, continuer à soutenir les artisans face aux mutations en cours. Lors de sa soirée anniversaire côte-d’orienne, le 1er décembre dernier, des entreprises centenaires ont été réunies autour d’une table ronde hors normes, autour de la transmission des savoirs et des entreprises. « Ce travail de mémoire illustre la continuité de la mission : préserver la richesse du tissu artisanal. » Parce qu’Yves Bard le sait, la baisse des dotations de l’État, débutée il y a plusieurs années, menace clairement la survie de cette structure pourtant nécessaire pour les artisans.

Texte : Marie Morlot / Photographie : DR

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