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Soft power à la dijonnaise

En deux éditions seulement, le Golden Coast a réussi l’impensable : se hisser au rang des grands rendez-vous musicaux français tout en bâtissant autour de lui un écosystème économique et décisionnel inédit à l’échelle du territoire. Bien plus qu’un festival rap, c’est une démonstration de soft power à la dijonnaise.

Il faut dire que la deuxième édition a frappé fort : 75 000 festivaliers sur trois jours, perchés au-dessus de Dijon, dans l’écrin naturel du parc de la Combe à la Serpent. Le Figaro parlait d’un « nouvel eldorado du rap français », Radio France d’« allégorie du triomphe du rap ». Rarement une jeune manifestation aura suscité un tel consensus. Sur scène, la programmation se voulait transgénérationnelle : Gims, SCH, Vald, Bigflo & Oli, MC Solaar, IAM, Theodora, Ninho, Niska… Un casting capable de réunir la France entière, mais qui semble avoir trouvé à Dijon un terrain de jeu idéal. « Ce n’est pas un succès, c’est un triomphe », résumait Emmanuel Hogg, président du festival, devant la presse.

Un bond en avant vertigineux

Christian Allex, codirecteur et cofondateur du Golden Coast, ne cache pas sa stupéfaction devant l’ampleur du phénomène. « On n’a pas franchi un palier, on en a passé dix d’un coup. Les retombées médiatiques, économiques et en termes de fidélisation sont incroyables. La presse locale, nationale… tout le monde s’est mis à parler du Golden Coast », confie-t-il.

EN DEUX ÉDITIONS, LES ARTISTES CONSIDÈRENT DÉJÀ LE GOLDEN COAST COMME UN PASSAGE OBLIGÉ. C’EST EXTRÊMEMENT RARE.

Christian Allex, co-directeur et co-fondateur du Golden Coast

La démonstration est immédiate : 3 000 passes « trois jours » déjà vendus en 48 heures pour l’édition 2026, avant même de connaître la programmation. Un réflexe qu’on associe d’ordinaire aux festivals déjà installés depuis une décennie. « En deux éditions, les artistes considèrent déjà le Golden Coast comme un passage obligé. C’est extrêmement rare ».

Si le Golden Coast attire tous les projecteurs, c’est qu’il s’inscrit dans un mouvement plus profond : celui d’une ville qui réinvente son aura. « On est clairement un acteur du soft power dijonnais. Il se passe énormément de choses ici, des initiatives, des projets, une énergie nouvelle. On fait partie de cet écosystème qui est en train d’émerger », souligne Christian Allex. L’ancrage local n’est pas un slogan, mais un choix stratégique. Plus de 50 % du mécénat provient du territoire, preuve d’une mobilisation économique rarement observée autour d’un événement culturel. Le public confirme cette dynamique : 58 % des festivaliers sont originaires de Côte-d’Or, un taux que la plupart des festivals de cette envergure envieraient. Et côté logistique, Dijon montre qu’elle sait absorber les foules : 18 000 personnes transportées en navettes Divia rien que sur la journée de samedi, un record historique pour le réseau.

Les têtes d'affiche de l'édition 2026 du Golden Coast

Objectif : rentabilité et ancrage durable

La réussite ne masque pas la réalité économique : construire un événement de cette dimension nécessite du temps et des ressources. « On se donne jusqu’en 2030 pour absorber la dette et atteindre une rentabilité solide », précise Christian Allex. L’ambition est claire : atteindre 74 000 festivaliers en 2026, seuil qui permettrait déjà d’atteindre l’équilibre.

Et déjà, l’équipe se projette. La troisième édition est annoncée : 28, 29 et 30 août 2026, en pleine période de vacances scolaires, un choix stratégique pour attirer à la fois les locaux et les visiteurs extérieurs. Le Golden Coast n’est pas seulement un festival : c’est un signal. Un pari fou et désormais réussi.

Texte : Quentin Scavardo / Photographie : DR

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