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Biznessmatch Besançon • De l’edtech à l’animation économique locale

À la tête d’une success-story edtech vendue à un groupe suédois, Julie Boucon, bisontine de naissance, aurait pu rester dans les réseaux parisiens. Elle a pourtant choisi de revenir à Besançon, où elle a créé, avec sa sœur et associée, un club d’affaires sélectif, utile et tourné vers le territoire. Récit d’une nouvelle aventure prometteuse.

À Besançon, on connaissait surtout Julie Boucon pour Holy Owly, l’application d’apprentissage des langues pour enfants qu’elle a cofondée avec sa sœur, Stéphanie Bourgeois. Trois ans de R&D, une intégration à Station F, un rachat par un groupe suédois et, au passage, une mise en lumière dans le classement Forbes « 40 femmes 2024 ». Cette trajectoire, très tech et très structurée, l’a naturellement ramenée à son territoire. « En revenant à Besançon, j’ai vu qu’il manquait un lieu où des dirigeants de tous secteurs pouvaient se rencontrer sans perdre leur temps », résume-t-elle.

C’est ce constat qui fait naître Biznessmatch Besançon, ramené d’Isère par Julie Boucon, où elle a découvert le club grenoblois comme intervenante. Deux posts LinkedIn plus tard, la chapelle de la Citadelle est pleine : 130 participants, 120 refus. « Ça a confirmé qu’il y avait une attente réelle chez des chefs d’entreprise qui n’étaient dans aucun réseau, souvent parce qu’ils craignaient le côté chronophage ou trop commercial. »

Un cercle choisi, pas fermé

L’IDÉE, C’EST LA COMPLÉMENTARITÉ, PAS LA SATURATION.

Julie Boucon, co-fondatrice de Biznessmatch Besançon

Biznessmatch n’est pas un réseau où l’on vient empiler des cartes de visite. Pour rester fertile, le club se veut sélectif, avec des offres d’adhésion allant de 1 450 euros pour les jeunes entrepreneurs à 5 000 euros pour les membres Prestige. « On vise un maillage équilibré : environ 30 % d’ETI, 30 % de PME, 30 % d’indépendants et de start-up. Et deux à trois acteurs maximum par métier. L’idée, c’est la complémentarité, pas la saturation. » Cette exigence vaut aussi pour la parité : la présence de deux cofondatrices a attiré des dirigeantes qui ne se reconnaissaient pas dans les réseaux traditionnels. « Je ne voulais pas un club de femmes, mais un club avec des femmes, parce que je crois en l’hétérogénéité. »

La promesse tient en trois mots : confiance, utilité, rythme. Une rencontre par mois, le jeudi midi, pour ne pas cannibaliser les agendas. Trois formats – grand conférencier dans un lieu patrimonial (Citadelle, Saline d’Arc-et-Senans…), déjeuner business avec mises en relation préparées, cocktail déjeunatoire avec éclairage d’experts (économie, patrimoine, stratégie) – mais un même objectif : faire gagner du temps. « Il n’y a pas d’obligation de business entre membres. On crée un contexte et les mises en relation se font d’elles-mêmes. »

Un réseau local branché sur l’international

Avec Biznessmatch, Julie Boucon ne s’éloigne pas complètement de ce qui a tant réussi à son parcours, puisque le club est adossé à un outil tech, qui s’enrichira prochainement de nouvelles fonctionnalités incluant de l’IA et qui permettra de contacter les autres membres, d’accéder aux clubs qui ouvrent ailleurs (Lyon, Lausanne, Montréal, Dubaï) et même de pousser des appels à projets. « On ne sait pas toujours qu’on a le prestataire qu’il faut à cinq kilomètres. La plateforme va rendre cet écosystème visible. »

Et la suite ? L’entrepreneure ne se renie pas : elle siège au board du réseau Biznessmatch et regarde déjà les villes voisines. « Mais pour l’instant, le sujet, c’est Besançon : montrer qu’on peut avoir ici un club d’affaires exigeant, utile et au niveau de ce que j’ai connu à Paris ou Lyon, parce que nous avons un territoire riche en matière d’entrepreneuriat. » Et une chose est sûre, ce n’est pas son parcours qui contredira Julie Boucon.

Texte : Alban Salmon / Photographie : DR

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