Dans un contexte économique mouvant, le Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne affirme sa singularité. Entre investissements concrets, attractivité territoriale et transformation interne, la banque régionale revendique son rôle de « façonneur de territoire ». Rencontre avec son président Jean-Yves Remillet, son directeur général Emmanuel Vey et son directeur général adjoint Laurent Haro.
Au Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne, on préfère les échanges directs aux discours figés. « On n’aime pas trop les pupitres et les grandes déclarations. Ce qu’on veut, c’est vous parler concrètement de ce qu’on fait pour notre territoire », prévient Emmanuel Vey.
Car au-delà des incertitudes géopolitiques et des secousses économiques, la caisse régionale affiche une conviction : c’est par la solidité et l’agilité que l’on traverse les crises. Avec 90 millions d’euros de résultat net en 2024, elle se donne les moyens d’agir. « On ne distribue pas nos bénéfices à des actionnaires ; on les réinvestit ici, chez nous », insiste Jean-Yves Remillet.
Une banque au service du territoire
La vocation coopérative du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne ne se résume pas à un statut. Elle s’incarne dans un projet d’entreprise clair : « Nous voulons façonner notre territoire, pas seulement le financer », résume Emmanuel Vey. En témoigne la création de CACB Invest, une filiale imaginée pour soutenir des projets issus des 85 pactes territoriaux écrits par les caisses locales.
Les enjeux sont multiples : transition agricole, attractivité pour les jeunes générations, désertification médicale, rénovation énergétique. À chaque défi, une réponse concrète. Exemple à Leyne, en Côte-d’Or, où une pharmacie héberge désormais une solution de téléconsultation Omedys, ou encore dans les campagnes, avec des résidences seniors imaginées avec la société Cette Famille.
« Il n’y a pas de fatalité. Il y a des territoires ambitieux, et nous avons les moyens de les accompagner », affirme Jean-Yves Remillet.
Moderniser sans renier ses racines
Le programme de transformation engagé depuis trois ans n’épargne aucun pan de l’activité. Cent des 120 agences du réseau ont déjà été rénovées. Le siège historique de la rue Davout à Dijon s’apprête, lui aussi, à vivre une « métamorphose » à 20 millions d’euros, avec restaurant d’entreprise repensé, auditorium ouvert aux partenaires, atrium baigné de lumière, végétalisation et panneaux photovoltaïques.
« On ne se contente pas de répondre aux normes environnementales. On veut un bâtiment à l’image de notre banque : ouvert, connecté, agréable à vivre », souligne Laurent Haro.
En parallèle, 100 experts ont été recrutés pour accompagner les clients dans la pédagogie liée à l’investissement, et un effort massif de formation a été entrepris. « L’avenir de la banque passe par le conseil. Il faut être capable d’apporter des réponses pointues, y compris sur la gestion de patrimoine ou la transmission d’entreprise », ajoute-t-il.
Un modèle singulier et assumé
Face aux néo-banques, le Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne revendique son modèle, qu’il résume en deux mots : l’humain et les territoires. Une différenciation assumée, selon Jean-Yves Remillet : « Notre conseil d’administration est composé de plus de 1 000 administrateurs élus localement. C’est une gouvernance de proximité, qui connaît les réalités du terrain. »
Cette force locale se double d’une capacité à mobiliser des fonds propres pour investir dans des projets symboliques : maintien d’un domaine viticole dans le giron familial, participation au capital de structures agricoles face à des multinationales ou encore acquisition d’une forêt d’exception dans l’Yonne…
Un cap clair dans un monde incertain
Si le contexte mondial impose prudence et anticipation, le cap est maintenu. La banque vise 100 000 nouveaux clients dans les trois prochaines années. Et mise sur l’innovation, avec de nouveaux outils dédiés aux transitions agricoles (banque d’affaires sectorielle), à la rénovation de l’habitat (CACB Rénov), ou encore à l’accompagnement RH des PME clientes.
« Nous ne subissons pas le futur. Nous l’anticipons et nous le construisons, à notre échelle, sur notre territoire », conclut Emmanuel Vey.