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David Butet, tourné vers l’avenir

Président du MEDEF Côte-d’Or depuis 2018, David Butet rend, jeudi 30 mai 2024, son tablier, au terme de deux mandats. Pour Décideur, il fait le bilan de six années passées à présider le MEDEF 21, six années d’engagement bénévole. Entretien fleuve avec cet entrepreneur dans l’âme, pour qui la fin de cette séquence est loin de marquer la fin d’un engagement.

Décideur. En six ans, le nombre d’adhérents a augmenté de 30%. Selon vous, que viennent chercher les adhérents du MEDEF, aujourd’hui, dans ce collectif, et comment expliquer cet engouement ?

David Butet. Le MEDEF, avant, s’adressait d’une seule et même voix à tout le monde. Mais en réalité, on ne peut pas s’adresser à une TPE comme on s’adresse à une grande structure. On a donc segmenté notre offre, nos formats de réunion, nos organisations, nos commissions, nos sujets. La crise sanitaire a aussi permis de mettre en lumière l’intérêt du collectif pour défendre la problématique des entreprises auprès des instances publiques. Cette période a aussi été l’occasion pour les instances publiques de se rendre compte de notre utilité. Crédibilisé de toute part, le MEDEF a évidemment gagné en influence.

Comment expliquez-vous cette prise de conscience des pouvoirs publics ?

En un mot : notre ancrage. Pendant la pandémie, les instances publiques, en général prescriptrices dans la vie des entreprises, nous ont demandé : « comment fait-on, maintenant ? » Le pays entier comptait sur le monde entrepreneurial, sur ces entreprises qui ont relancé l’activité et, avant ça, qui ont fait en sorte que rien ne soit interrompu. On s’est rendu compte que l’organe entreprise était le plus résilient, et que le collectif que nous représentons avait les clés de lecture nécessaires à ce genre de situation.

Quel regard portez-vous sur votre mandat de président du MEDEF Côte-d’Or ?

J’ai tâché de représenter les intérêts de mes adhérents le mieux possible auprès des élus, c’est-à-dire de demeurer apolitique. Voilà ce que je peux dire. Pour ce qui est de la guerre des chiffres, pour moi, elle a peu de sens. Et je ne dis pas cela en étant en porte-à-faux, puisque les adhérents du MEDEF Côte-d’Or représentent 66 000 salariés du secteur privé sur 140 000. J’avais tellement œuvré au niveau professionnel pour le MEDEF que je ne pouvais pas dire non, quand on m’a proposé de présider le MEDEF Côte-d’Or. C’était une suite naturelle. J’avais envie d’y aller. Mais même avec tout ce que j’avais pu faire auparavant, je ne pouvais pas imaginer ce que j’allais vivre sous ces mandats si particuliers (gilets jaunes, Covid, guerre en Ukraine, ndlr). Je me suis rendu compte que, pour changer une organisation comme le MEDEF, avec lequel je n’étais d’ailleurs pas toujours d’accord, il fallait le faire de l’intérieur. Nous avons su créer collectivement une organisation influente. Je ne suis pas pour crier sur tous les toits ce que l’on fait. Je préfère que nos actions parlent d’elles-mêmes et fassent apparaître le MEDEF Côte-d’Or comme un incontournable économique.

À côté de l’efficacité indéniable du MEDEF en tant qu’accélérateur d’affaires par le réseau et les rencontres qu’il propose à ses adhérents, le MEDEF leur offre aussi un accompagnement juridique. Pouvez-vous nous en parler ?

C’est un vrai parti pris. On a décidé d’investir lourdement sur l’accompagnement juridique de premier échelon. « De premier échelon », parce que le MEDEF ne pourra jamais être concurrent d’un de ses adhérents. En revanche, proposer d’analyser une situation juridique de premier échelon pour faire savoir à nos adhérents qui en ont besoin à qui s’adresser, à quel type d’avocat ou de médiateur faire appel, ça, ça n’a pas de prix. Dans beaucoup de cas, cet accompagnement fait partie de ce qui motive l’adhésion au MEDEF. En Côte-d’Or, nous avons 2 juristes à temps plein, qui font à peu près 2 500 prestations par an. Mais le MEDEF, ce n’est pas que du réseautage et de l’aiguillage juridique, c’est aussi savoir accompagner au quotidien les entrepreneurs, surtout dans les TPE-PME, et notamment sur le recrutement de compétences, le rayonnement territorial et l’empreinte RSE. Le MEDEF, c’est un outil pour les chefs d’entreprise.

Qu’est-ce que cette expérience de président du MEDEF Côte-d’Or vous aura apporté ?

Généralement, quand on est chef d’entreprise, on ne se forme plus. Nos salariés sont formés, à l’occasion de plans de formations, ils peuvent aussi profiter du CPF, mais pas le chef d’entreprise. Être président d’un MEDEF, c’est une formation continue monumentale sur plein de sujets. J’ai passé 600 h de bénévolat en présentiel par an. Ça m’a apporté énormément de positif. Ça m’a permis de me familiariser avec plein de modèles et d’organisations, de bien comprendre le territoire, ses institutions, et le monde des décisions politico-économiques. J’ai été très agréablement surpris de voir tout ce qui était en notre pouvoir au niveau territorial, par opposition au niveau national, où j’ai parfois été déçu du manque d’utilité. L’échelle nationale a ceci de positif qu’elle permet aux présidents de MEDEF territoriaux de se rencontrer, d’échanger et de s’enrichir mutuellement de bonnes astuces.

Le MEDEF Côte-d’Or a été le laboratoire privilégié de plusieurs outils mis en place. Pouvez-vous nous parler de quelques-unes des fiertés qui ont marqué votre mandat ?

Au-delà de notre belle représentativité, plusieurs choses. Je commencerais pas Handijob. Dès le début de mon mandat, en 2018, j’ai pris le sujet du handicap à bras le corps, pour y avoir été confronté personnellement. Les personnes en situation de handicap ont toutes envie de travailler, mais bien souvent les employeurs n’osent pas. Beaucoup sont embauchables demain. C’est pourquoi nous avons mis en place un service RH qui, durant un an, identifie les personnes en situation de handicap, ce qu’elles pourraient faire, et identifie toutes les entreprises qui pourraient les recruter. À l’issue de cela, nous organisons des job-datings. Sur les six dernières années, Handijob, c’est 600 entretiens et 10% d’embauches. Ça, c’est un résultat concret. Je me dis qu’il n’y a que le MEDEF qui peut faire ça. Une de nos autres fiertés, c’est la mise en place de Model, un service de prêt de main d’œuvre légal pour gérer certains pics et certaines décrues d’activité. C’est un outil que nous avons créé et qui a ensuite été dupliqué dans plein de territoires. Enfin, j’ai tenu à ce que le temps bénévole de tous les mandataires soit valorisé dans notre bilan. Nous avons fait certifier ce temps bénévole par un commissaire aux comptes, sur le même modèle que les ONG. En Côte-d’Or, le MEDEF a 330 mandataires, tous plus engagés les uns que les autres. Le temps passé à faire vivre le MEDEF a une vraie valeur. Sur une centaine de mandataires, ce n’est pas moins de 7 269 heures de travail bénévole, soit 400 000 € d’équivalent bilantiel, qui ont été valorisées.

Avez-vous d’autres réussites côte-d’oriennes auxquelles vous tenez particulièrement ?

Je pourrais en citer trois : notre collaboration avec la préfecture pour identifier et flécher des entreprises locales susceptibles de pouvoir bénéficier du label lancé par l’État « Les entreprises s’engagent », la création du comité Femmes, et la reprise du Comex 40 à l’échelle du MEDEF Côte-d’Or, afin de challenger ce que nous faisons sur la base des suggestions d’un comité non-exécutif d’entrepreneurs de moins de 40 ans. C’était très stimulant, et cela a permis à des jeunes, qui ne seraient jamais venus au MEDEF, de venir dans notre institution, de se rendre compte de ce qu’ils pourraient y faire, et de s’engager. Le comité Femmes, quant à lui, est une réussite, et je suis très fier que les entrepreneuses se le soient approprié à ce point et le fassent vivre.

Quelle est la suite de l’aventure, pour vous ?

Déjà, je ne m’en vais pas comme ça ! Je conserve un poste au conseil d’administration du MEDEF Côte-d’Or, et je conserve mon mandat au bureau de la commission Entrepreneuriat du MEDEF national. Et je me lance dans une nouvelle aventure, avec Jean-Philippe Girard, Arnaud Gravel et Frédérique Le Floch, une association reconnue d’utilité publique : « L’audace d’entreprendre ». Le but de cette association va être de faire naître des synergies avec des organisations comme « Entreprendre pour apprendre », le réseau Entreprendre — dans lequel je conserve d’ailleurs mon engagement — et d’autres, afin de diffuser la culture entrepreneuriale, qui n’est enseignée nulle part, dès le plus jeune âge. Nous avons déjà contacté 45 organisations, qui sont prêtes à jouer le jeu. Le lancement de ce mouvement, sous le haut patronage de L’Élysée, se fera mardi 1er octobre 2024, au Zénith de Dijon, à l’occasion d’une grande journée qui permettra à chacun de laisser naître en soi la flamme entrepreneuriale. L’objectif est, dans la foulée, de proposer des formations, des cours auprès des jeunes, et de lancer un site qui offre les bonnes infos aux entrepreneurs. Si l’échelle départementale est privilégiée, c’est parce que nous nous sommes rendu compte que c’était à ce niveau que les réseaux d’entrepreneuriat étaient les plus actifs et efficaces. On a d’ores et déjà proposé que le modèle soit dupliqué, et nous allons continuer à le faire. Au niveau national, nous avons présenté le projet à un MEDEF très enthousiaste, et nous nous sommes rapprochés de Blandine Mulliez et de la Fondation Entreprendre. Ne manque plus que les bonnes personnes, celles qui connaissent bien leur écosystème territorial, sans importance pour les guerres de clan. MEDEF, CPME, U2P… tous ceux que l’avenir entrepreneurial de la France intéresse sont les bienvenus.

Medef 21 (suivre le lien)

Jonas Jacquel

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