LE MAGAZINE DES DÉCIDEURS & DES RÉSEAUX DE BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

L’Audace d’Entreprendre • Catalyseur de synergies entrepreneuriales

Ce 9 décembre 2025, le Zénith de Dijon accueille la deuxième édition de L’Audace d’Entreprendre, un festival dédié à la création, à la reprise, au rebond et à la découverte entrepreneuriales. Créé par Jean-Philippe Girard et porté par un collectif d’acteurs économiques régionaux, l’événement réunit plus de 5 000 participants, dont 80 % de jeunes, autour d’un objectif commun : cultiver l’esprit d’entreprendre sous toutes ses formes. Derrière les quatre piliers de cet événement, quatre regards incarnent une même ambition : transmettre, accompagner, inspirer.

DÉCOUVERTE

PLANTER LA GRAINE DE L’ENTREPRENEURIAT

Julien Brault, directeur régional d’Entreprendre Pour Apprendre Bourgogne-Franche-Comté
Photo : Jonas Jacquel

Pour Julien Brault, directeur régional d’Entreprendre Pour Apprendre Bourgogne-Franche-Comté, l’entrepreneuriat commence bien avant la création d’entreprise. « Nous travaillons avec Entreprendre Pour Apprendre sur la découverte, c’est-à-dire sur le moment où un jeune comprend qu’il peut être acteur de son avenir », explique-t-il. Depuis Dijon, l’association initie chaque année plus de 8 500 jeunes de 9 à 25 ans à l’esprit d’entreprendre, grâce à des formats immersifs : interventions d’entrepreneurs dans les classes, ateliers de mini-entreprises ou programmes d’innovation collective. « On plante des graines, insiste Julien Brault. Tous les jeunes n’ont pas un entrepreneur dans leur entourage. Alors, nous leur montrons que c’est possible, que les parcours sont multiples et qu’il n’y a pas de diplôme de l’audace. » L’association agit aussi comme un pont entre école et entreprise, mobilisant un réseau de 600 intervenants bénévoles. L’expérience bénéficie aux deux côtés : « Les mentors reviennent parce qu’ils y trouvent de l’énergie et une forme d’inspiration réciproque. »

Une chose est sûre, pour Julien Brault, L’Audace d’Entreprendre joue un rôle essentiel dans cette dynamique. « C’est un moment de synergie. Tous les acteurs de l’écosystème sont là, et les jeunes peuvent enfin les rencontrer directement. On découvre, on s’inspire, on se projette. »

CRÉATION

PRÉPARER LE BON VENT

Nathalie Rigal, vice-présidente de la BGE Côte-d’Or, Saône-et-Loire et Ain
Photo : Jonas Jacquel

Nathalie Rigal, vice-présidente de la BGE Côte-d’Or, Saône-et-Loire et Ain, voit la création d’entreprise moins comme un saut dans le vide que comme une aventure à préparer minutieusement, avec lucidité et accompagnement. « Il ne suffit pas d’ouvrir la porte de son local et d’attendre les clients. À ce stade, c’est déjà trop tard ». Ancienne porteuse de projet elle-même, accompagnée par la BGE avant de reprendre son agence d’assurance, elle incarne, en retour, l’esprit de transmission qui caractérise la réalité entrepreneuriale.

Chaque année, BGE accueille près de 9 000 personnes sur trois départements et accompagne 1 600 créations ou reprises. Sa mission : sécuriser les projets, former, relier les futurs dirigeants aux bons interlocuteurs. « L’objectif, c’est de transformer une envie en un projet viable. Nous les aidons à lever les doutes, à anticiper, à comprendre les réalités économiques. »

Pour Nathalie Rigal, l’audace ne se mesure pas au risque pris, mais à la préparation qui le rend possible. « Créer, c’est oser se mettre en mouvement, tout en sachant s’entourer : expert-comptable, avocat, assureur, banquier. L’entrepreneur seul n’existe pas. » Et c’est là que L’Audace d’Entreprendre fait mouche : en jouant le rôle de maillon essentiel entre l’inspiration et la concrétisation. « C’est un rendez-vous où les porteurs de projet mesurent que la création n’est pas un rêve inaccessible, mais une construction possible, à condition d’être accompagnés. » Pour la BGE, le 9 décembre sera aussi une opportunité de rencontrer de futurs créateurs, de valoriser les parcours réussis et de rendre visible la diversité des chemins entrepreneuriaux. « On y retrouve l’énergie de la première idée, mais aussi la rigueur de la préparation. C’est un événement qui donne envie d’agir, pas seulement d’y croire. »

REBOND

LA RÉSILIENCE, LA VRAIE

Frédéric Liotard, président de l’association 60 000 Rebonds Bourgogne-Franche-Comté
Photo : Edgar Charchaude

Chez 60 000 Rebonds, la chute n’est jamais la fin de l’histoire. L’association aide les chefs d’entreprise à reconstruire leur vie après une liquidation et à changer les regards sur l’échec. « L’entrepreneur qui a tout perdu est souvent son propre juge. Il s’enferme, s’isole. Notre rôle est de le remettre dans une dynamique de vie et d’action », explique Frédéric Liotard, président de l’association 60 000 Rebonds Bourgogne-Franche-Comté. Chaque entrepreneur accompagné bénéficie d’un binôme d’appui : un coach certifié pour le soutien personnel et un parrain dirigeant pour le volet professionnel. En Bourgogne-Franche-Comté, 250 bénévoles accompagnent actuellement 130 entrepreneurs dans cette phase de reconstruction. « Rebondir demande de l’audace. Certains recréent une entreprise, d’autres retournent au salariat – une autre forme de courage. » Au-delà du soutien, l’association veut briser la solitude du dirigeant, premier facteur de fragilité. Et c’est aussi ce qui relie sa mission à L’Audace d’Entreprendre. Frédéric Liotard voit dans le festival de l’entrepreneuriat une scène essentielle pour changer les mentalités. « Parler de l’échec dans un Zénith plein à craquer, c’est déjà briser un tabou. » Pour lui, L’Audace d’Entreprendre agit comme un levier collectif et montre que « l’entrepreneuriat n’est pas une aventure solitaire, mais un écosystème d’entraide et de liens. »

REPRISE

REPRENDRE LE FLAMBEAU

Arnaud Gravel, directeur du Réseau Entreprendre Bourgogne
Photo : Jonas Jacquel

Pour Arnaud Gravel, directeur de Réseau Entreprendre Bourgogne, reprendre une entreprise est une subtile combinaison d’héritage et de transformation. « Beaucoup pensent que la reprise est plus sûre que la création. C’est faux : les risques sont différents, mais bien réels », rappelle-t-il. Association reconnue d’utilité publique, Réseau Entreprendre Bourgogne accompagne chaque année des dirigeants repreneurs à travers un double dispositif : prêt d’honneur et accompagnement pair-à-pair. « Deux tiers des entrepreneurs que nous accompagnons sont des repreneurs. Nous leur offrons un soutien collectif, un mentorat individuel et surtout, une écoute. Diriger, cela s’apprend. » Les résultats parlent d’eux-mêmes : 98 % de pérennité à trois ans pour les entreprises accompagnées, contre 60 % sans appui. Pour Arnaud Gravel, la reprise exige autant de vision que d’humilité. « On ne succède pas à un dirigeant sans tenir compte de son empreinte. Il faut faire évoluer sans dénaturer, affirmer sa vision tout en rassurant les équipes. » En deux mots ? « Un repreneur, c’est un optimiste invétéré. »

Pour le directeur de Réseau Entreprendre Bourgogne, L’Audace d’Entreprendre est bien plus qu’un festival : c’est une démonstration collective de force entrepreneuriale. « En un même lieu, on réunit les créateurs, les repreneurs, les financeurs, les réseaux d’accompagnement… et surtout, une jeunesse curieuse. » Ce rassemblement crée une chaîne de transmission entre générations d’entrepreneurs, essentielle selon lui à la vitalité économique du territoire. « C’est une vitrine de l’entraide. Chacun y trouve sa place, du jeune étudiant au chef d’entreprise aguerri. Et c’est précisément ce mélange qui fait la richesse de l’événement. »

L’audace comme fil rouge

De la découverte à la reprise, de l’idée au rebond, L’Audace d’Entreprendre dessine un parcours complet, cohérent et profondément humain. Incarné par des réseaux d’entraide, des coachs, des accompagnants ou des dirigeants, chaque pilier en éclaire d’autres, dans un mouvement d’émulation collective. Le programme de L’Audace d’Entreprendre traduit l’esprit même de l’événement : une ambition collective au service de celles et ceux qui font l’économie de demain. Les plénières avec têtes d’affiche ouvrent la réflexion, les tables rondes et conférences prolongent le dialogue en confrontant les points de vue, les espaces partenaires et les bulles d’échanges permettent de rencontrer les réseaux d’accompagnement, les institutions et les acteurs du financement. Plus loin, les concours de pitchs et le défi « Qui aura l’audace de s’associer ? » confrontent et affûtent les idées pour donner naissance à de nouveaux projets, et le campus de l’Audace, dédié aux moins de 25 ans, offre un terrain d’expérimentation unique où prend vie l’envie d’entreprendre. En fin de journée, les speed dating et la soirée networkingprolongent les échanges, pour donner à cette effervescence entrepreneuriale le visage d’un écosystème bien vivant, ancré dans son territoire et tourné vers l’avenir.

Texte : Alban Salmon / Photographie : Edouard Barra, Grégory Girard, Jonas Jacquel, Edgar Charchaude

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