Dans un contexte économique tendu, où les liquidités se contractent et les marges se réduisent, la frontière entre le patrimoine de l’entreprise et celui du dirigeant mérite plus que jamais d’être clairement posée. Pour Maxence Perrin, avocat en droit des affaires à Dijon, « anticiper sa défense, c’est déjà protéger son avenir ». Loin d’être une précaution superflue, la sécurisation du patrimoine personnel constitue un acte de gestion à part entière.
La responsabilité du dirigeant, un terrain à risques
UN DIRIGEANT DOIT SE BATTRE CHAQUE JOUR POUR SON ENTREPRISE, MAIS AUSSI POUR SA SÉCURITÉ PERSONNELLE.
Maxence Perrin, avocat en droit des affaires
Être chef d’entreprise, c’est s’exposer. Éthique, civile, financière ou pénale, la responsabilité du dirigeant peut être engagée à plusieurs niveaux. « La bonne foi ne suffit pas toujours à écarter les conséquences d’une faute de gestion », prévient Maxence Perrin.
Chez l’entrepreneur individuel, les règles ont évolué : depuis la réforme récente du statut, ses patrimoines professionnel et personnel sont désormais séparés de plein droit, et sa résidence principale est insaisissable. Mais la protection n’est pas absolue : certaines dettes fiscales ou sociales peuvent franchir cette barrière en cas de manquement grave ou de fraude caractérisée.
Responsabilités limitées, mais pas illimitées dans les faits
Dans une société, la responsabilité du dirigeant se limite en principe au montant de ses apports. Mais le droit prévoit des exceptions. Une faute de gestion, comme la poursuite d’activité au-delà de 45 jours après la cessation des paiements, peut ouvrir la voie à une action en insuffisance d’actif. Le dirigeant peut alors être condamné à combler personnellement le passif de sa société.
Autre cas, plus lourd : la banqueroute, lorsqu’un comportement frauduleux – dissimulation de documents comptables, détournement d’actifs, ou aggravation délibérée du passif – est constaté. Les sanctions peuvent aller jusqu’à l’interdiction de gérer, voire une peine d’emprisonnement.
Cautions et régimes matrimoniaux
Deux erreurs demeurent fréquentes : la signature de cautions personnelles par lesquelles le dirigeant se porte garant des dettes de son entreprise ; et le mauvais choix du régime matrimonial, souvent celui de la communauté légale, qui expose les biens communs et les revenus du conjoint aux poursuites. « Ces situations, observe Maxence Perrin, ne relèvent pas du hasard, mais d’un manque d’anticipation. » Chaque décision de gestion – emprunt, bail commercial, garantie – doit être analysée à l’aune de son impact sur le patrimoine privé.
Les bons réflexes pour anticiper
Heureusement, des leviers existent. Le choix du statut juridique reste le premier rempart : SARL ou SAS, à condition d’une gouvernance rigoureuse, limitent la responsabilité aux apports. L’immobilier professionnel peut être logé dans une SCI, distincte de la société d’exploitation.
Les assurances RCMS (Responsabilité civile des mandataires sociaux) et homme clé, complétées par des contrats de prévoyance, offrent une couverture adaptée. Enfin, le recours précoce à un mandat ad hoc ou à une conciliation permet de dialoguer avec les créanciers dans un cadre confidentiel et maîtrisé.
Anticiper pour durer
Protéger son patrimoine n’a rien d’un réflexe défensif : c’est une démarche lucide, adaptée à la réalité des affaires. « Un dirigeant doit se battre chaque jour pour son entreprise, mais aussi pour sa sécurité personnelle », résume Maxence Perrin. Dans une économie volatile, la clairvoyance vaut autant que le courage. Prévoir, c’est encore agir.
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Texte : Alban Salmon / Photographie : Enola Dovetta