La Cité internationale de la gastronomie et du vin a officiellement ouvert ses portes le 6 mai. Avec 40 000 à 50 000 visiteurs en un mois, elle est entrée d’emblée dans le club des lieux incontournables de la région. Expositions, restaurants et bar à vins, boutiques, formations et ateliers de dégustation, événements… La Cité se positionne comme un outil d’attractivité majeur pour la métropole et pour la région. Son modèle, original, associe acteurs publics et privés. Rencontre avec quelques-uns des « décideurs » de ce lieu où l’on défend haut et fort les valeurs de la gastronomie et du vin.
« Dijon, capitale mondiale de la gastronomie ». Le Figaro n’y est pas allé par quatre chemins. Quelques jours après l’inauguration de la Cité internationale de la gastronomie et du vin, le quotidien national invitait ses lecteurs à se rendre à Dijon au moins le temps d’un week-end. Non sans rappeler que CNN avait déjà fait de la capitale de la Bourgogne-Franche-Comté, fin 2021, un des 10 lieux à visiter dans le monde cette année. Rien que ça. Les Dijonnais ne s’en rendent pas forcément compte, mais leur Cité internationale de la gastronomie et du vin, mine de rien, fait causer de Dijon un peu partout sur la planète.
Un juste retour des choses, quand on se souvient que ce projet a représenté un investissement d’au moins 250 millions d’euros et plusieurs années de travaux. Et qu’elle assure la promotion du Repas gastronomique des Français, mais aussi des Climats du vignoble de Bourgogne, tous deux inscrits au Patrimoine mondial – ce qui fait dire aux élus locaux, au premier rang desquels l’adjoint au maire en charge du projet, François Deseille, qu’elle porte une double labellisation Unesco. La Cité est donc désormais ouverte. Elle porte l’ambition d’accueillir 1 million de visiteurs par an – dont la moitié dans ses expositions et ses boutiques, l’autre moitié dans son cinéma –, ce qui ferait d’elle une puissante locomotive du tourisme en Bourgogne-Franche-Comté.
L’entrée ici est gratuite !
En entrant dans le grand hall vitré, espace d’accueil contemporain monumental, Cordula Riedel salue une par une les personnes tout de noir et d’orange vêtues, chargées de l’accueil des visiteurs. « C’est l’office de tourisme qui accueille les visiteurs, souligne la directrice de cet organisme qui dispose ici d’un guichet d’accueil, son troisième après ceux de la gare et de la rue des Forges. Cette mission est une reconnaissance de notre expertise dans l’accueil des touristes. » La séance photo se déroule notamment au sein du 1204, le centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap) de la ville de Dijon. Un lieu pour comprendre l’histoire urbaine de la ville, liée par bien des aspects à la viticulture.
Un lieu dont le nom évoque la date de fondation de l’ancien hôpital général, sur le site duquel se dresse aujourd’hui la Cité. Le 1204 est l’un des pôles à découvrir de la Cité, et ce gratuitement. « Il faut faire comprendre aux gens, et notamment aux habitants de l’agglomération, que l’entrée à la Cité est gratuite ! Certes, il faut acheter un billet pour visiter certaines expositions ou participer à certaines animations, mais on peut librement se promener dans les espaces commerciaux, découvrir le patrimoine historique notamment la chapelle Sainte-Croix-de-Jérusalem et puis l’architecture de la Cité », souligne Cordula Riedel, qui a pris ses fonctions en février dernier – allemande d’origine, elle était précédemment directrice de l’office de tourisme d’Amiens.
« Il se passe toujours quelque chose à la Cité ! »
En chemin, nous croisons un autre personnage-clé de cette Cité impressionnante. Dominique Buccellato est la directrice du pôle culturel. Dans son périmètre direct : l’exposition permanente sur la gastronomie, l’exposition temporaire – actuellement sur la pâtisserie, avec le parrainage du célèbre Pierre Hermé – et la présentation des Climats dans la grande chapelle. « Ma mission couvre tout ce qui relève ici de l’incarnation du label Unesco et de la programmation associée (ateliers, conférences, visites guidées, spectacles… Je suis en charge également de la coordination de l’ensemble des acteurs qui interviennent sur le site », explique-t-elle en présentant le tout premier agenda culturel de la Cité, où se mêlent les propositions de la ville, des boutiques et des restaurants, de l’école Ferrandi Paris, de l’école des vins de Bourgogne, du cinéma Pathé et d’acteurs culturels qui s’installent à la Cité le temps d’une fête ou d’un festival.
Ce qui fait qu’« il se passe toujours quelque chose à la Cité » ! Dominique Buccellato joue les ambassadeurs de la Cité tout autant que de la cité : « J’ai reçu ici des journalistes indiens. Ils étaient fascinés par le lieu, par le fait qu’on peut ici acheter un fromage, une planche, des fruits, s’asseoir un peu n’importe où, commander un verre de vin, et vivre une expérience sur-mesure, originale, au gré de ses envies. On ne se rend pas compte à quel point cela fait partie de notre culture. »
Un pôle d’activité économique majeur
Par-delà l’aspect touristique et culturel, la Cité internationale de la gastronomie et du vin est un pôle économique déjà majeur. « À terme, avec l’hôtel, 400 personnes travailleront sur ce site, souligne Dominique Buccellato. C’est très rare de créer 400 emplois en cœur de ville ! » Ouvert avant même le 6 mai, le Village by CA héberge Vitagora et de nombreuses start-ups toutes spécialisées dans l’alimentation et le vin. Et les lieux attirent l’attention de nombreux acteurs, impatients de voir ouvrir l’hôtel Curio by Hilton où se trouvera une salle de banquet d’une capacité de 500 places – la plus grande, et de loin, de la métropole. Des acteurs qui jouent le jeu.
La première avant-première organisée par Pathé Dijon, que dirige Valérie Sutter, c’était, le 12 juin, autour du film La Dégustation d’Yvan Calbérac, avec Bernard Campan et Isabelle Carré, qui sortira fin août. Le premier congrès reçu ici est celui de l’association nationale de la meunerie française, le 17 juin. En attendant le lancement officiel de la stratégie alimentaire de Dijon métropole, le 7 juillet. Entre autres. Objet dynamique aux multiples dimensions, la Cité internationale de la gastronomie et du vin a pris son envol de belle manière.
« Dijon peut devenir une grande ville internationale »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Pau Roca, directeur général de l’Organisation internationale de vigne et du vin, a été plus que séduit par Dijon. « Comme Genève, Dijon peut devenir une grande internationale, explique-t-il à l’issue de la dernière assemblée générale de l’Organisation internationale de la vigne et du vin dont il est le directeur général. L’OIV est la première organisation internationale qui s’implante à Dijon, mais d’autres pourraient suivre ! » À ses yeux, la Cité internationale de la gastronomie et du vin est la vitrine rêvée. En attendant que l’hôtel d’Esterno qui doit accueillir ses équipes dans trois ans soit rénové, l’OIV siège d’ailleurs à la Cité ! « La question de la gastronomie est éminemment internationale, elle est l’une des expressions les plus brillantes de la culture humaine, incarnée par le label Unesco en ce qui concerne la gastronomie française, la cuisine mexicaine ou la diète méditerranéenne. Dijon incarne parfaitement ce sujet, par sa sensibilité, son ouverture, sa créativité. »