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Sadde : Adjugé vendu !

Un tableau de Pieter Brueghel le Jeune, retrouvé dans un appartement dijonnais début 2022, a été vendu aux enchères 600 000 euros, en mai. Retour avec Christophe Sadde, commissaire-priseur, sur cette vente exceptionnelle.

Il y a des œuvres qui marquent une vie. Le tableau Paysage d’hiver avec patineurs et trappes aux oiseaux de Pieter Brueghel le Jeune fait incontestablement partie de celles-ci pour Christophe Sadde. Découverte par le commissaire-priseur en janvier 2022 dans un appartement dijonnais, cette peinture d’exception a été adjugée, le 15 mai dernier, à 600 000 euros – pour une estimation de départ entre 300 000 et 500 000 euros. « Quel tableau extraordinaire ! C’est la plus grosse vente jamais réalisée par la dynastie Sadde depuis la création de son hôtel des ventes en 1908 ! »

Il faut dire que, dans la famille, l’art des enchères se transmet de génération en génération. Quand on pose la question à notre homme de savoir quelles sont les qualités requises pour exercer cette belle profession, la réponse ne se fait pas attendre : « Curiosité, appétence pour une multitude de domaines, volonté toujours plus grande de trouver la perle rare. Voilà notre credo ! » Toujours en quête de nouveaux projets, la maison a pour objectif de s’exporter partout en France.

Déjà implanté à Grenoble, Sadde va aussi ouvrir un bureau à Lyon avec une correspondance sur place pour l’organisation de ventes aux enchères. Dans la salle des ventes Paul-Cabet de Dijon, les curieux, badauds et autres amateurs d’art étaient venus en nombre pour cette vente exceptionnelle. Un intérêt croissant que Christophe Sadde explique « grâce aux nombreuses émissions télé sur la profession qui ont démocratisé l’univers des ventes aux enchères. Malgré le contexte de crise économique, sanitaire et géopolitique, de plus en plus de personnes viennent apprécier l’ambiance en salle ».

Après que l’expert eut introduit l’œuvre, que le commissaire-priseur eut donné le prix de départ, on assista à une effervescence de chiffres et à un tourbillon de mains levées. Il faut dire que plus de 280 lots étaient mis en vente pour l’occasion : argenterie, pendules, tableaux anciens, meubles, objets de vitrine… « Il y en avait pour tous les goûts et tous les porte-monnaie. Car il faut bien comprendre que les ventes aux enchères ne sont pas réservées à une élite, mais accessibles à tout le monde, avec une large fourchette de prix en fonction des objets. »

Autre particularité : un autre ballet effréné par téléphone et sur internet. « Cela nous permet d’élargir notre audience et de toucher un nouveau public. Au-delà des visiteurs qui se déplacent, plus de 300 personnes ont suivi la vente à distance et ont enchéri depuis chez elles. » Souvent considéré comme inaccessible, le marché de l’art connaît pourtant une démocratisation depuis quelques années.

De nos jours, l’acquisition d’œuvres d’art en tant que placement séduit de plus en plus d’investisseurs, au-delà des collectionneurs et amateurs d’art avertis. Elle peut avoir pour objectif de diversifier ses placements tout en alliant le plaisir et le goût – sans oublier la valeur patrimoniale et la question de la transmission familiale. « Aujourd’hui, on se rend compte que de nombreux clients préfèrent acheter un bel objet plutôt que de placer en banque. »

Quel tableau extraordinaire ! c’est la plus grosse vente jamais réalisée par la dynastie sadde depuis la création de son hôtel les ventes en 1908 !

Le Paysage d'hiver, Sadde, commisseur-priseurUn tableau d’exception

Le Paysage d’hiver avec patineurs et trappes aux oiseaux est sans doute l’une des compositions les plus populaires de la dynastie Brueghel. On recense aujourd’hui environ 140 reprises de ce tableau, généralement datées entre 1601 et 1602. Depuis un premier plan élevé, le spectateur a vue sur un fleuve gelé qui serpente à travers un village enneigé. Les deux rives sont bordées de maisons devant lesquelles se trouvent quelques arbres sans feuilles. Des patineurs évoluent sur la glace, d’autres lancent des palets. À droite, sur un talus, une trappe à oiseaux est prête à fonctionner. Elle se compose d’un trébuchet auquel est fixée une corde reliée à l’ouverture d’une maison. Des oiseaux sont attirés par des graines sous la planche pour être piégés. Pour certains auteurs, au-delà de la description d’un simple paysage, ce tableau symbolise la précarité de la vie : tels les oiseaux inconscients du danger, les patineurs sont insouciants des dangers quotidiens qui les entourent – notamment du trou dans la glace au premier plan. Certains ont même analysé cette image comme une allégorie de l’occupation du pouvoir espagnol, les petits oiseaux symbolisant le peuple flamand désormais « piégé » sous la coupe des Habsbourg.

Sadde, 13 rue Paul-Cabet, 21000 Dijon
Pour plus d’informations : sadde.fr

Jonas Jacquel, Quentin Scavardo

PHOTOS :

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