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Ville de Dijon : Le grand défi énergétique

Hydrogène, réseaux de chaleur, photovoltaïque, méthanisation : Dijon métropole active l’ensemble des leviers pour produire ses propres énergies renouvelables. Et met le paquet sur la rénovation thermique des bâtiments publics et des logements sociaux.

En ces temps d’inflation délirante et de risques de pénurie électrique, les spécialistes européens de la consommation énergétique ont les yeux tournés vers Dijon, plus précisément vers le quartier de Fontaine d’Ouche. Là se déploie le programme européen Response, pour lequel Dijon et la ville finlandaise de Turku ont été retenues comme sites pilotes. « Nous sommes regardés de près car, pour la première fois, nous allons transformer un quartier existant en îlot à énergie positive« , rappelait le maire de Dijon et président de la métropole, François Rebsamen, lors de l’inauguration des travaux en octobre dernier.

Objectif : permettre au quartier de produire, à terme, 20 % d’électricité en plus que ce qu’il consomme ! Pour cela, les bâtiments, qui relevaient jusqu’alors de la passoire thermique, vont être rénovés ; des dispositifs de production électrique, notamment des panneaux photovoltaïques en toitures, en façades et en ombrières de parking vont être déployés ; et une batterie de dispositifs innovants – pas moins de 80, « low tech » ou « high tech » – installée dans les logements pour réduire la consommation de manière intelligente – par exemple des capteurs qui éteindront le chauffage quand la fenêtre est ouverte ou quand l’appartement est vide. Près de 500 logements sont concernés, dont les habitants apprécieront de voir leur facture chuter ! Au prix d’une baisse drastique de la consommation de 60 % – 45 % grâce aux travaux d’isolation, 15 % grâce à la gestion intelligente du logement – qui se double d’une réduction de 75 % de l’émission de gaz à effet de serre.

« En matière énergétique, nous travaillons sur deux axes : d’une part, l’isolation des bâtiments, d’une autre part, la production d’énergies renouvelables. »

Des écoles mieux isolées

Response est le programme emblématique porté par Dijon métropole dans le cadre d’une stratégie visant à faire de la capitale régionale une championne écologique en Europe – un programme qui pourrait faire école, dans un premier temps, dans six autres villes du continent. « En matière énergétique, nous travaillons sur deux axes : d’une part l’isolation des bâtiments, d’autre part la production d’énergies renouvelables« , résume Jean-Patrick Masson, vice-président de la métropole délégué à la transition écologique, aux déchets, aux énergies renouvelables, aux réseaux et au programme européen H2020 dans lequel s’inscrit Response. En matière d’isolation, tout l’enjeu est de traiter le bâti existant car, sur le neuf, on sait faire de la très haute performance, en atteste la spectaculaire tour Élithis à énergie positive en cours de construction dans le nouveau quartier Arsenal. L’ensemble du parc de logements sociaux de Grand Dijon Habitat (environ 11 000 logements) sera traité d’ici à la fin de la décennie. La ville de Dijon, qui a engagé un nouveau programme de rénovation de ses écoles de 75 millions d’euros, a déjà traité plusieurs groupes scolaires – Anjou, Colette, Buffon, Beaumarchais…

Trois grandes solutions pour produire de l’énergie

Sur la production d’énergies renouvelables, les efforts ne datent pas d’aujourd’hui. Les réseaux de chaleur existent de longue date dans l’agglomération, notamment à la Fontaine d’Ouche et à Quetigny, mais, depuis 2010, la stratégie consiste à créer un seul réseau à l’échelle de la métropole, en interconnectant les réseaux existants, en installant plusieurs dizaines de kilomètres de canalisations et en approvisionnant le réseau grâce à la chaleur fatale de l’usine d’incinération des ordures ménagères d’une part, grâce à deux usines fonctionnant au bois d’autre part. Le photovoltaïque a connu, ces dernières années, un développement sans précédent sur le territoire, avec en particulier l’opération emblématique de Valmy inaugurée fin 2021 : sur un terrain appartenant à la métropole, ancien site de récupération des déchets professionnels, EDF a déployé un champ de 43 000 panneaux sur 15,5 hectares, avec une puissance installée de 15 mégawatts. Des panneaux font par ailleurs leur apparition un peu partout sur des bâtiments publics comme la piscine olympique ou le centre de maintenance des tramways.

La troisième voie, c’est la méthanisation. L’usine de méthanisation de la station d’épuration de Longvic est en cours de construction et doit entrer en service courant 2023. Elle traitera le biogaz présent dans les boues issues du process de décantation des eaux pour le transformer en biométhane qui sera injecté dans le réseau public de gaz. Le projet, d’un montant de 15 millions d’euros assumés par Odivea, permettra de produire le gaz utile à l’équivalent de 4 000 logements. Et puis l’hydrogène constitue clairement l’une des solutions pour Dijon métropole, qui a engagé la construction de sa première unité de production, près de l’usine d’incinération des ordures ménagères. L’électricité produite dans celle-ci à partir de la chaleur des fours servira en effet à fabriquer l’hydrogène qui sera ensuite utilisé pour faire fonctionner les bus urbains et les bennes à ordures, soit, à terme, environ 200 bus et une quarantaine de poids lourds. L’ensemble du dispositif sera opérationnel entre 2023 et 2024, faisant de Dijon une ville en pointe sur ce sujet de l’hydrogène, dans une région qui en a fait un axe majeur de sa stratégie de transition énergétique.

Ville de Dijon - Dijon métropole

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