Né dans une caisse à outils, comme il aime le rappeler, Sébastien Desvignes a fait du contrôle technique un art subtil. Motard dans l’âme, humaniste en affaires, il conjugue rigueur mécanique et passion, entre autos et motos, toujours sur la voie de l’excellence.
Il y a des vocations qui naissent dans des lieux improbables, comme les tréfonds d’un garage. Sébastien Desvignes, lui, y est presque venu au monde. Fils d’un mécanicien au 24 Heures du Mans, il a grandi dans le parfum de l’huile et les grondements des Porsches. Par la suite destiné à une carrière militaire, Sébastien choisit finalement de poursuivre des études en mécanique motoriste. « Mais, j’ai rapidement compris que la mécanique pure allait devenir un métier de changeurs de pièces », confie-t-il. Alors, il bifurque vers le contrôle technique. Là où il trouve une forme de sérénité, de neutralité, dans un métier où l’on ne vend pas, où l’on ne répare pas, où l’on constate simplement. « On ne gagne rien à dire que tout va bien ou mal », explique-t-il, pragmatique. Formé auprès de François Carthage dès 1998, Sébastien s’est lentement, mais sûrement, imposé dans ce domaine qu’il affectionne. Quatorze années à apprendre, observer, peaufiner son art dans un centre Auto Sécurité. Puis, vient le moment où l’élève dépasse le maître. En 2012, il ouvre son propre centre à Dijon Nord. Ce n’était que le début. Au fil des ans, de nouveaux centres voient le jour, sous sa houlette précise et bienveillante. En 2020, le cercle se referme : il rachète le centre de François Carthage, là même où tout avait commencé. Aujourd’hui, Sébastien Desvignes est à la tête de la holding Auto Contrôle Technique Dijon, un groupe qui rassemble six centres de contrôle technique auto et le premier centre de contrôle technique moto en France, tous situés en Côte-d’Or.
De quatre à deux roues
Motard depuis plus de vingt ans, Sébastien a pris la tête d’un autre chantier : ouvrir le premier centre français uniquement dédié au contrôle technique des deux roues, une nouveauté légale depuis avril 2024. Bien qu’il fût initialement réticent vis-à-vis de cet arrêté, il a préféré s’adapter. « J’estime que si un motard est suffisamment inconscient pour ne pas prendre soin de sa moto, c’est qu’il n’a pas conscience de l’importance de sa propre vie. » Depuis six mois, son centre moto a vu passer près de 1000 deux-roues, avec 10% de refus au contrôle. « Je ne pensais pas qu’on atteindrait un tel chiffre », confie-t-il. Mais au-delà des chiffres, Sébastien aime la diversité qu’apporte ce nouveau défi. Chaque moto est unique, chaque contrôle est une découverte. « J’ai eu la chance de travailler sur une Monet-Goyon de 1929. C’est le propriétaire qui m’a plus appris que l’inverse. » Humble, toujours, il savoure ce métier qui lui permet de croiser des passionnés, des férus de belles mécaniques, des hommes et des femmes qui, comme lui, voient dans chaque véhicule une histoire à raconter.
« On ne fait jamais rien tout seul. Il faut savoir redistribuer et impliquer ceux qui ont contribué à ton succès » Sébastien Desvignes, dirigeant de la holding Auto Contrôle Technique Dijon.
L’humain avant tout
Grand, trapu, Sébastien Desvignes incarne la force tranquille, forgée au fil des années sur les rings de boxe, sa deuxième passion. Dans la vie comme sur le ring, il se bat avec une philosophie bien ancrée : celle de la cohésion et de l’humilité. Ces principes, il les applique au quotidien dans son entreprise. Pour lui, la victoire se partage. Et il le prouve concrètement : ses salariés ne sont pas de simples employés, ils deviennent, au fil du temps, ses associés. « Partager les richesses, c’est naturel. On ne fait jamais rien tout seul. Il faut savoir redistribuer et impliquer ceux qui ont contribué à ton succès. » Dans cette aventure humaine où la technique rencontre le partage, Sébastien Desvignes avance, tout en contrôle, vers un avenir qu’il façonne avec et pour les autres.
Texte : Quentin Scavardo / Photographie : Jonas Jacquel
