Les experts-comptables, lassés de l’image stéréotypée qui leur colle à la peau, veulent faire savoir que leur métier, indispensable à l’économie, change et qu’ils recrutent massivement.
Éric Corret en est bien conscient : « Nous sommes méconnus du grand public ou, pire, nous avons une image poussiéreuse« . Alors le président de l’Ordre des experts-comptables de Bourgogne-Franche-Comté entend que les choses changent. « Nous sommes des entreprises comme les autres, nous recrutons massivement, dans nos territoires, nous créons des emplois non délocalisables, sur des activités qui ont du sens, au contact constant des acteurs du tissu économique, de l’artisan au groupe coté. Notre métier sert à quelque chose, on a besoin de nous ! » Voilà résumé l’argumentaire déployé par l’Ordre pour « réactualiser » l’image d’un métier qui souffre d’idées préconçues tenaces. « On nous perçoit comme des gratte-papiers enfermés dans leur bureau toute la journée« , déplore Éric Corret. La réalité est tout autre. Petite revue des idées que portent les experts-comptables, à contre-courant des stéréotypes dont ils sont l’objet…
« Nous sommes des entreprises comme les autres, nous recrutons massivement, dans nos territoires, nous créons des emplois non délocalisables, sur des activités qui ont du sens, au contact constant des acteurs du tissu économique, de l’artisan au groupe côté. Notre métier sert à quelque chose, on a besoin de nous !
Un métier qui intègre les nouvelles technologies et qui, du coup, change de nature. L’automatisation des tâches que permet l’informatique permet de libérer les professionnels du chiffre d’un certain nombre de missions fastidieuses. « Nous sommes de plus en plus positionnés sur le conseil, sur l’accompagnement de nos clients, plutôt que sur la collecte de chiffres et les calculs. » Le déploiement de l’intelligence artificielle, demain, ne fera qu’accentuer le phénomène : « L’IA traitera les flux de données, décèlera les anomalies mieux que ne peut le faire l’œil humain et produira des chiffres qui aideront au pilotage ».
Un métier passionnant car il fait entrer au cœur des activités économiques. L’expert-comp[1]table est au contact de toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. Il partage leurs problématiques, il apprend à connaître leurs spécificités, il les visite, il les comprend. « Beaucoup de nos cabinets se spécialisent, du coup, sur des secteurs d’activité ou des filières, pour être très pointus sur les contraintes et les exigences propres à chacun. »
Un métier non-délocalisable et impliqué dans la vie du territoire. L’expert-comptable qui travaille à des milliers de kilomètres de son client, cela n’a pas de sens. Le contact humain reste indispensable, régulièrement. Les experts-comptables sont donc présents sur leur territoire et contribuent à la bonne santé économique du tissu d’entreprises d’une région. Conséquence incidente : des professionnels hautement compétents sont disponibles dans la région, il ne sert à rien d’aller chercher un expert-comptable à Paris !
Un métier tout sauf routinier. Là encore, l’idée reçue persiste. « La législation et la réglementation évoluent constamment, nous obligeant à nous mettre à jour sans cesse », précise Éric Corret. L’expert-comptable sait s’adapter ! « Un défi nous attend, nous et nos clients : le passage à la facture électronique obligatoire dès le 1er juillet 2024, c’est-à-dire demain. Dans un premier temps, seules les grandes entreprises sont concernées. Mais l’on sait bien qu’une fois qu’elles l’auront adoptée, cela ruissellera sur l’ensemble du tissu économique puisque les PME sont souvent sous-traitantes ! »
Un métier qui recrute… et pas seulement des professionnels du chiffre. Rien qu’en Bourgogne-Franche-Comté, 1 000 postes sont à pourvoir dans les cabinets, qui totalisent 7 000 emplois ! « Nous recrutons des comptables bien sûr mais aussi des informaticiens, des spécialistes de communication, des juristes… Car nos clients nous sollicitent sur des sujets variés et car nous avons besoin de cette diversité de compétences pour faire tourner nos entreprises. » Un exemple ? Dans son propre cabinet, Éric Corret emploie 45 personnes dont 4 informaticiens.
Convaincu(e) ?
L’Ordre des experts-comptables décline son argumentaire à chaque fois qu’il en a l’occasion. « Pour changer notre image, nous voulons toucher le jeune public, dès le collège« , précise son président. Concrètement, une « brigade » composée d’une centaine de jeunes professionnels ou d’experts-comptables stagiaires se rend dans les établissements pour des présentations. Classiquement, l’Ordre participe à des journées portes ouvertes ou à des salons de l’étudiant. Plus original : il organise des tournois de gestion, jeux virtuels de simulation de la gestion d’une entreprise, afin de rendre l’approche du métier plus ludique. L’opération se termine, à l’échelle régionale, par une finale réunissant les élèves et les enseignants, permettant de sélectionner deux candidats pour la finale nationale. La dernière fois, cet événement a eu lieu au stade Gaston-Gérard.
Autre opération originale : une collecte de fonds au bénéfice des étudiants en situation de précarité, menée par l’Ordre, en partenariat avec le Secours populaire, pendant la crise Covid, a permis de recueillir 32 500 euros et a valu à l’organisme le coup de cœur du jury des trophées Cerclecom. Enfin Éric Corret appelle tous les cabinets de la région à accueillir autant de collégiens et de lycéens que possible en stage d’observation, et à accepter des alternants. « L’alternance est une bonne voie d’accès au métier« , précise Éric Corret, bien placé pour en parler puisqu’il est lui-même passé par là. C’est en parlant du métier, en suscitant des vocations et en accueillant au mieux dans les cabinets que l’image de l’expert-comptable va peu à peu évoluer.
Pour plus d’informations : Conseil régional de l’Ordre des Experts Comptables