Expert des enchères, le commissaire-priseur est aussi le garant d’une certaine idée du patrimoine. C’est en tout cas ce que soutiennent Christophe et Guilhem Sadde, les deux frères à la tête de l’hôtel des ventes éponyme. Fervents défenseurs des artistes locaux, les deux messieurs sont bien décidés à mettre ceux-ci en lumière avec un événement dédié lors des Journées du patrimoine.
Le monde des salles de ventes, Christophe et Guilhem Sadde le connaissent par cœur. Ensemble, ils représentent la quatrième génération d’une longue lignée de commissaires-priseurs, débutée en 1908 par leur arrière-grand-père. Un métier à part le commissaire-priseur est à la fois historien, brocanteur, critique d’art et conseiller en patrimoine. « C’est une profession méconnue, y compris pour des gens du milieu« , avance Christophe Sadde. « Et pourtant, personne n’est plus proche d’un vendeur que son commissaire-priseur ! », ajoute son frère. « Nous nous attachons à comprendre l’histoire de l’objet : si celui-ci a appartenu à tel ou tel homme politique, s’il porte la griffe de tel ou tel artiste. C’est ça qui
fait sa valeur. » Commissaire-priseur à l’ère du digital Christophe Sadde montre, avec des gestes de passionné, les œuvres d’art qui composeront les lots des ventes aux enchères à venir. Un ensemble hétéroclite et chargé d’émotion qui souligne l’impressionnante palette des compétences du commissaire-priseur. « On préfère que vous veniez nous voir pour nous demander un conseil sur un meuble, un tableau ou un bijou, plutôt que de le vendre sur Le Bon Coin. Le commissaire-priseur est au plus près du marché, un marché pas toujours simple à comprendre, et il vous donnera les clés et les contacts pour vendre vos objets au juste prix. » L’hôtel des ventes Sadde vend les objets qui lui sont soumis soit en salle des ventes, soit en ligne, sur une plateforme dédiée. « Voilà cinq ans que nous avons ouvert des ventes en ligne, et tous les ans on en fait un peu plus« , se réjouit Guilhem Sadde. « On touche des gens qui ne viendraient pas forcément à nos événements, on renouvelle les générations et on découvre de nouveaux publics« , ajoute son frère.
« Avec la vente en ligne, on touche des gens qui ne viendraient pas forcément à nos événements. » Guilhem Sadde, co-directeur de l’Hôtel des ventes Sadde
Chaque année, plusieurs dizaines de sessions de vente ont lieu en salle, et jusqu’à dix fois plus sur internet, pour 17 000 objets vendus en 2022. « Nous avons atteint un pic pendant le confinement, avec plus de 1 000 personnes qui ont assisté à une vente en ligne. C’était une première en France ! » Même pour les ventes en présentiel, ce sont des acheteurs sur internet qui prennent 60 à 80 % de la vente. Le digital, c’est une nouvelle façon de s’adapter aux tendances du marché. Une philosophie à laquelle les deux frères tiennent : « L’artiste qui ne plaît pas hier pourra plaire demain. On essaie d’être un peu visionnaires et d’avoir une sensibilité, comme un galeriste qui va mettre en avant un créateur et qui croit au potentiel de tel ou tel artiste. » Mais toujours avec une nécessaire neutralité vis-à-vis de l’œuvre, ce qui garantit la justesse de l’expertise.
Les artistes locaux à l’honneur
La vente aux enchères, c’est donc leur métier, mais les frères Sadde se donnent aussi pour mission de faire découvrir le patrimoine de la région. « Les événements qui mettent à l’honneur les artistes locaux sont trop rares, et l’actualité ne nous offre pas souvent l’opportunité de souligner la qualité de ceux-ci« , explique Guilhem Sadde. Pour provoquer le destin, les deux frères incitent les Bourguignons-Francs-Comtois à se demander si la toile dans leur salon a une valeur : ils prévoient une vente aux enchères dédiée aux artistes régionaux, les samedi 16 et dimanche 17 septembre, à l’occasion des Journées du patrimoine. L’enjeu est double : il s’agira à la fois de récupérer des œuvres d’artistes dijonnais, comme Henri Vincenot ou André Claudot, mais aussi de les valoriser pour les vendre. « Par rapport à d’autres régions, les artistes dijonnais et bourguignons sont méconnus et leur cote n’est pas au niveau de ce qu’elle pourrait être« , estime Guilhem Sadde. L’ambition des deux frères : remettre en lumière des artistes que l’histoire a lentement oubliés. Ils espèrent ainsi récupérer jusqu’à 200 œuvres auprès de particuliers. « Nous avons une réelle envie d’attirer du public dans la salle, curieux du patrimoine pictural régional, avides de redécouvrir des œuvres créées par des gens d’ici« , soulignent les deux commissaires-priseurs.
Hôtel des ventes Sadde, 13 rue Paul Cabet à Dijon – 03 80 68 46 80 – sadde.fr