Le président du Grand Chalon nous a ouvert les portes de son bureau pour parler de l’avenir de son territoire et des enjeux de l’intercommunalité. Tourné vers la réindustrialisation et la formation, son mandat peut aussi compter sur l’expérience enrichissante de la présidence de l’association des Intercommunalités de France. Entretien avec Sébastien Martin.
Décideur. Le territoire chalonnais connaît une forte dynamique industrielle. Que représente la réindustrialisation des territoires pour vous ?
Sébastien Martin. La réindustrialisation, c’est un pari que j’ai fait dès 2014, quand je suis arrivé aux affaires. L’industrie doit être le secteur d’appui de l’avenir de l’agglomération. Avoir des terrains et y mettre des grandes plateformes logistiques, ce n’est pas la solution. L’industrie, c’est la promesse d’une diversité de carrières et de population, allant des ingénieurs aux techniciens. On l’a vu : la fermeture de Kodak, à l’époque, a été une épreuve. Mais depuis,nousavonsfaitduchemin:l’emploi industriel du territoire se développe, et il tire le reste de notre économie vers le haut. Le Grand Chalon peut se vanter d’avoir cette culture industrielle.
Quand on parle d’enseignement supérieur en Bourgogne-Franche-Comté, on pense souvent à Dijon. Quels atouts Chalon a-t-elle à faire valoir ?
Chalon, c’est une filière matériaux, un CFAI porté par l’UIMM, un lycée technique avec beaucoup de formations pratiques allant jusqu’au BTS, et bien d’autres ! On a les hommes, les outils de formation, un emplacement stratégique… tout pour favoriser l’implantation d’entreprises. L’A6, et même la Saône, sont des atouts pour une agglomération comme la nôtre. Nous avons beaucoup travaillé avec le Conservatoire national des arts et métiers, dans un projet commun avec l’UIMM et d’autres partenaires, pour créer l’Usinerie, qui propose des formations nouvelles autour de l’industrie et de ses métiers. Et nous n’oublions pas les compétences liées à l’IA et à l’industrie. J’appelle de mes vœux à une collaboration avec l’université de Bourgogne, afin d’étendre nos cursus existants – majoritairement BAC+2 et BAC+3 – et de les rendre davantage universitaires, pour proposer des cursus BAC+5. L’industrialisation, c’est une politique qui nous tient à cœur. En décembre dernier, vous avez appelé à la mobilisation de toute la région pour la relance du nucléaire.
Quel rôle le Grand Chalon entend-il jouer dans la relance de ce secteur ?
C’est assez simple : sans ce qui se fait à Chalon et au Creusot, il n’y aurait pas de centrale française. Nous fabriquons les générateurs devapeur,lescuves,etc.C’estpourdonner à la Bourgogne-Franche-Comté une place de meneuse dans le nucléaire français que j’ai lancé un appel au Conseil régional, afin qu’il s’implique dans la stratégie de filière.
Comment répondre aux besoins de recrutement exprimés par les acteurs de l’énergie et l’industrie nucléaire ?
Nous avons pris part à l’Université des métiers du nucléaire pour, d’une part, ancrer territorialement les formations liées au nucléaire et, d’autre part, initier un travail de conformation de nos formations existantes avec le nucléaire. À l’horizon 2025/2026, un nouveau diplôme d’ingénieur sera proposé sur le territoire.
« C’est dans l’ADN des intercommunalités d’être facilitatrices dans la réussite économique de leur territoire » Sébastien Martin, Président du Grand Chalon.
En tant que président de l’association des Intercommunalités de France, quelle place et quel rôle leur reconnaissez-vous à l’échelle nationale ?
Aujourd’hui, les intercommunalités sont les interlocutrices privilégiées des acteurs économiques d’un territoire. En matière d’offres de transport, de logement, de foncier, nous sommes les référents. C’est dans l’ADN des intercommunalités d’être facilitatrices dans la réussite économique de leur territoire. Elles constituent aussi un appui fondamental pour des programmes nationaux comme Territoires d’industrie, qui ouvrent des financements notamment autour de la transition énergétique et écologique.
Le Grand Chalon, dans quelques années, vous le voyez comment ?
Avec une réindustrialisation réussie ! Tout n’est pas encore gagné. C’est un combat quotidien, mais j’y crois. Je crois en un territoire attractif, avec une balance démographique positive, reconnu comme capitale industrielle et économique de la Bourgogne. Cela ne se fera pas sans l’assurance de perspectives d’avenir pour les jeunes, à travers les formations qui leur permettront d’accéder aux secteurs en demande. Et nous avons aussi besoin d’idées nouvelles, d’enthousiasme, de jeunes qui manient les dernières technologies. Dans un Grand Chalon au cadre de vie agréable, ce sont des opportunités que nous voulons offrir, et des projets de vie à long terme que nous voulons faire naître chez nos concitoyens.
Texte : Alban Salmon / Photographie : DR